Un convoi éthiopien attaqué à Mogadiscio

"Nous constatons que la ville est livrée au chaos. Elle n'est pas sûre", a souligné lundi le président somalien Abdullahi Youssouf. Le chef de l'Etat a par ailleurs désigné le maire de la capitale d'où les forces gouvernementales ont chassé fin décembre les miliciens de l'Union des tribunaux islamiques (UTI) avec l'appui de l'armée éthiopienne.

L'attaque du convoi s'est déroulée à Arafat, quartier nord de Mogadiscio où les troupes somaliennes épaulées par des soldats éthiopiens avaient saisi des armes, des explosifs et une voiture blindée, quelques heures plus tôt.

Huit blessés ont été signalés de source médicale, tandis qu'un représentant du gouvernement a fait état de trois morts dans les rangs éthiopiens.

"J'ai vu un camion éthiopien touché par une grenade RPG et les corps de deux Ethiopiens chargés dans un autre camion", a déclaré un témoin nommé Dadir Abid, qui a dit ignorer si les victimes avaient été tuées ou blessées.

"Au moins un soldat éthiopien a été blessé. Les Ethiopiens ont également tué un malade mental qui n'a pas obtempéré à leurs ordres", a raconté Aden Mohamoud Gedi, un deuxième témoin.

Des chars éthiopiens ont par la suite été vus prenant position sur le site, où les islamistes avaient livré de durs combats face aux chefs de guerre qu'ils ont chassés de la capitale en juin.

Ces derniers, qui semaient la terreur à Mogadiscio depuis la chute du président Siad Barré, en 1991, y sont réapparus après le départ de l'UTI.

UNE DÉLÉGATION DE L'UA A MOGADISCIO

On ignore qui sont les auteurs de l'attaque contre le convoi éthiopien, mais les soupçons se portent sur les miliciens islamistes, qui ont promis de poursuivre leur combat sous la forme d'une guérilla, après leur déroute de décembre. Aïman al Zahouari, numéro deux d'Al Qaïda, les a récemment encouragés à suivre l'exemple irakien.

Le contingent éthiopien, dont la présence à donné lieu à de violentes manifestations, a été pris pour cible à plusieurs reprises depuis le début de l'année dans un pays où les armes pullulent, entretenant une insécurité qui sera la première priorité du fragile gouvernement fédéral de transition.

Le parlement a décrété samedi l'état d'urgence pour trois mois pour lui permettre de mener à bien un désarmement qui s'annonce herculéen.

Les autorités ont par ailleurs ordonné la fermeture de quatre stations de radio et chaînes de télévision parmi les plus importantes. Des lettres en ce sens ont été adressées à HornAfrik Media, Shabelle Media, à la station de radio islamiste IQK et au bureau local d'Al Djazira.

Addis-Abeba, dont l'appui a été décisif dans la contre-offensive éclair menée contre l'UTI, souhaite retirer ses troupes dans les semaines à venir, ce qui affaiblirait considérablement les autorités fédérales face aux islamistes et aux chefs de guerre. Ces derniers ont toutefois accepté vendredi de fondre leurs milices dans l'armée nationale.

Dimanche, une délégation de l'Union africaine est arrivée en Somalie pour préparer le déploiement d'une force africaine de maintien de la paix.

"A présent que l'équipe de l'UA est là, cela démontre clairement que les troupes éthiopiennes partiront dans un délai de deux à trois semaines", a déclaré le porte-parole du gouvernement somalien, Abdirahman Dinari.

Le Conseil de sécurité et de paix de l'UA s'est prononcé pour un relèvement des effectifs de la future force de maintien de la paix, initialement fixés à 8.000 hommes, et a sollicité l'aide financière de la communauté internationale.