Sarkozy : François Hollande est machiste

PARIS Alors que la polémique sur les RG prend de l'ampleur, Nicolas Sarkozy donne des conseils aux socialistes. Le candidat UMP, répliquant aux accusations du PS sur une utilisation des renseignements généraux pour les besoins de sa campagne, a invité jeudi François Hollande à "laisser tranquille" sa compagne Ségolène Royal, allant jusqu'à traiter le Premier secrétaire de "machiste".

"Je trouve que M. Hollande devrait laisser Mme Royal faire campagne", a confié Nicolas Sarkozy aux journalistes dans le train qui l'emmenait à Saint-Quentin (Aisne). "M. Hollande est machiste, ce n'est pas M. Hollande qui est candidat", a-t-il ajouté sur le ton de la plaisanterie. "Que M. Hollande laisse tranquille Mme Royal et qu'il arrête de faire campagne en lieu et place de Mme Royal", a souligné M. Sarkozy.

"Je vois que M. Hollande se donne beaucoup de mal pour compliquer la tâche de la candidate", a poursuivi le candidat UMP lors de la visite d'une usine à Fresnoy-Le-Grand. "Elle avait déjà un premier porte-parole (NDLR: Arnaud Montebourg). Il a été suspendu. A quand le Premier secrétaire du PS suspendu?"

François Hollande avait demandé mercredi des "vérifications immédiates" sur les informations publiées par "Le Canard Enchaîné", accusant le cabinet de Nicolas Sarkozy d'avoir diligenté une enquête des Renseignements généraux (RG) sur Bruno Rebelle, membre de l'équipe de campagne de Ségolène Royal et ancien responsable de Greenpeace. Ce dernier a déposé jeudi une plainte contre X pour "atteinte à l'intimité de la vie privée".

"Jamais mon cabinet ni moi n'avons commandé quoi que ce soit", a répété Nicolas Sarkozy.

Selon "Le Monde" daté de vendredi, la direction centrale des renseignements généraux (DCRG) nie avoir reçu une demande d'enquête spécifique adressée par le cabinet de M. Sarkozy, mais reconnaît en revanche avoir produit une fiche sur Bruno Rebelle. Celle-ci "donne des informations de base" sur son parcours professionnel "qu'on peut aisément trouver sur Internet", précise le quotidien.
Nicolas Sarkozy a attribué cette polémique à la "très grande nervosité" qui règne dans la campagne socialiste en raison des difficultés actuelles de Ségolène Royal, donnée battue à 52% contre 48% par les derniers sondages. "C'est vraiment une tempête dans un verre d'eau pour essayer de faire oublier les sondages".

Il a accusé Ségolène Royal d'être "une candidate sans projet". "S'il devait y avoir une enquête à faire, ce serait sur le programme de la candidate", s'est moqué le candidat UMP.

Le ministre-candidat a de nouveau exclu de quitter la place Beauvau plus tôt que prévu pour éviter toute nouvelle accusation de mélange des genres. "Je n'ai pas l'habitude d'obéir aux injonctions du Parti socialiste", a-t-il dit, rappelant que Lionel Jospin avait été Premier ministre et candidat en 2002.

Reste que la polémique avec le PS relance le débat sur le départ de M. Sarkozy. Le ministre de l'Intérieur a dit qu'il ne serait plus en place Beauvau au moment de l'élection, tout en exprimant le souhait de rester le plus longtemps possible. Cette polémique marque aussi un nouveau durcissement de la campagne, après l'affaire la semaine dernière du patrimoine des candidats et la "bourde" de la candidate socialiste sur le Québec.
Dans la matinée, Ségolène Royal a demandé au président Jacques Chirac d'assurer "le bon fonctionnement de la campagne". "Tout n'est pas possible, ni dans une campagne ni dans la vie: il y a des principes, il y a un minimum d'honnêteté, d'équité et de régularité", a dit la candidate socialiste sur RMC-Info.

La polémique a même donné lieu à un incident au Sénat, où le sénateur socialiste Jean-Luc Mélenchon a bousculé légèrement le ministre délégué aux Collectivités territoriales Brice Hortefeux qui l'accusait d'alimenter la presse en rumeurs sur le Parti socialiste.
En déplacement en Eure-et-Loir, le candidat de l'UDF François Bayrou a estimé de son côté que "ça fait des décennies qu'en France (...) ceux qui ont l'Etat entre les mains se servent de tous les moyens de l'Etat pour leurs petites besognes".

"Tout cela est détestable et tout cela nous a conduit au fond du gouffre où nous sommes", a-t-il dit au micro de France-Info. "Je ne veux pas que les moeurs des Hauts-de-Seine deviennent les moeurs de la République française. Alors, ça a été fait par le PS et ça été fait par l'UMP. Mais en tout cas pour ma part, je ne veux plus qu'on tienne les gens, je ne veux plus qu'on les manipule".