Le Mont-Blanc, acte II
CHAMBÉRY C'est aujourd'hui que débute, devant la cour d'appel de Chambéry, le deuxième épisode du procès de la catastrophe du tunnel du Mont-Blanc. L'incendie qui a fait 39 victimes le 24 mars 99 sera sur le devant de la scène judiciaire trois semaines durant (contre trois mois en première instance). Mission des magistrats chambériens : déterminer les responsabilités des deux seuls prévenus à avoir interjeté appel : Michel Charlet, maire de Chamonix, et Gérard Roncoli, responsable de la sécurité du tunnel.
Si ce dernier (condamné à 30 mois d'emprisonnement dont six ferme) n'a pas souhaité s'exprimer, l'élu chamoniard (6 mois avec sursis et 1.500 € d'amende) se déclare, quant à lui, serein avant cette nouvelle épreuve. "Je suis tranquille. Il n'y aura pas cette pression énorme du procès en première instance, même s'il est essentiel de savoir si oui ou non il y a une responsabilité du maire dans toute cette affaire. "
Car c'est bien pour défendre sa fonction que Michel Charlet a souhaité aller en appel. "S'il se confirme que le maire est responsable, cela signifie que la loi est mal faite et qu'il faut la changer. Si au contraire la responsabilité est rejetée, cela fera jurisprudence."
Notre homme entend bien mettre en évidence les imperfections législatives. "Le seul reproche qui m'est adressé est de ne pas avoir fait réaliser des exercices de sécurité. Ce qui, pour moi, était du ressort du préfet. Or, la loi ne reconnaît la compétence préfectorale que si l'exercice est situé entre deux communes... françaises. Or, ici on a affaire à une localité italienne et une française, donc problème."
Soutenu par ses collègues du Pays du Mont-Blanc, le maire de Chamonix regrette toutefois un manque d'implication au niveau national - "l'Association des maires de France aurait pu faire plus" - même si l'essentiel était pour lui d'avoir la caution des familles de victimes.
Familles présentes
"Elles ne se sont pas portées parties civiles contre moi, et cela c'est très important." Tous les proches des disparus ne feront pas le déplacement à Chambéry, mais une soixantaine de personnes devraient cependant être présentes durant ces trois semaines d'audience. Parmi elles : Xavier Chantelot, le porte-parole de leur association, coauteur, avec Marie Brunet, d'un ouvrage sur la catastrophe (voir par ailleurs). "Nous abordons ce procès dans un tout autre état d'esprit , dit-il. Pour nous, les responsabilités ont été reconnues en première instance. Autant nous pouvons comprendre la position du maire de Chamonix, dont la décision est légitime vis-à-vis de sa fonction, autant notre attitude à l'égard de Gérard Roncoli, la bête noire de cette affaire, reste inchangée."
Beaucoup s'accordent d'ailleurs à penser que le Monsieur Sécurité du tube aurait dû renoncer à cet appel, la cour chambérienne étant renommée pour sa main de fer.