La Russie impose un blocus à la Géorgie
Ravivée par l'arrestation, à Tbilissi, de quatre officiers russes accusés d'"espionnage", la crise russo-géorgienne a connu un semblant d'apaisement, lundi 2 octobre, avec la libération des militaires, remis à l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), puis reconduits par avion en Russie. Deux autres officiers - dont Konstantin Pitchouguine, présenté par la partie géorgienne comme le "cerveau" de cette cellule du renseignement - ont également été expulsés. Les deux hommes étaient barricadés depuis des jours dans le bâtiment du quartier général des forces russes à Tbilissi, encerclé par la police. Lundi, le blocus du QG a été levé.
Ces mesures n'ont pas suffi à apaiser la colère du "voisin du Nord". Lundi, la Russie a annoncé la suspension de ses liaisons - aérienne, ferroviaire, maritime - vers la Géorgie. Les ports russes du littoral de la mer Noire sont interdits aux navires géorgiens. Enfin, la poste russe a annoncé l'interruption de l'acheminement postal (courrier et virements) vers la petite République (4,6 millions d'habitants).
ESPRITS ÉCHAUFFÉS À MOSCOU
La Douma, où des appels à la "déportation" des Géorgiens de Russie ont retenti lundi, veut interdire tous les virements bancaires. Cette disposition pourrait pénaliser les Géorgiens installés dans la Fédération (plus d'un million) et qui font régulièrement parvenir de l'argent à leurs familles, un apport financier estimé à 5 % du PIB.
Ce n'est pas la première fois que la Géorgie renvoie des militaires russes soupçonnés d'espionnage ou de participation à des opérations de déstabilisation, comme vient de le rappeler l'ancien président géorgien Edouard Chevardnadze (1992-2003). Mais à l'époque, ces affaires s'étaient réglées en coulisse. En 1998, les instigateurs de l'attentat perpétré contre le chef de l'Etat géorgien - qui en sortit indemne - avaient été tranquillement exfiltrés de Géorgie par la base militaire russe de Vaziani (depuis démantelée), ce qui avait fortement irrité Tbilissi.
Cette fois, l'affaire des espions a échauffé les esprits à Moscou. "Seriez-vous prêt à partir en guerre contre la Géorgie ?", demandait à ses auditeurs la radio Echo de Moscou samedi matin. "La Géorgie n'est pas un Etat légitime", concluait de son côté Gleb Pavlovski, l'analyste favori du Kremlin.
Ulcéré par l'attitude de Tbilissi, le président Vladimir Poutine l'a accusé de "terrorisme d'Etat avec prise d'otages". Fidèle à sa rhétorique antiaméricaine, le numéro un a fustigé les "sponsors étrangers" de la Géorgie, une allusion au soutien de Washington au président pro-occidental Mikhaïl Saakachvili et à celui de l'OTAN, qui a récemment annoncé l'amorce d'un "dialogue renforcé" avec la petite République méridionale.
La détestation de cet "Occident en casque colonial", selon l'expression employée par M. Poutine au moment de la "révolution orange" ukrainienne en 2004, forme désormais le socle du discours politique russe.
La semaine dernière, dans un rapport de 35 pages distribué à la Douma (la Chambre basse) et au Conseil de la Fédération (le Sénat russe), deux "experts indépendants" - Valentin Faline, un ancien secrétaire du comité central du Parti communiste de l'URSS, et Guennadi Estafiev un ex-espion - ont révélé les mauvaises intentions des Etats-Unis, prêts, selon eux, à fomenter une nouvelle "révolution orange" en vue d'un renversement au Kremlin.
Pour ce faire, l'administration américaine ira jusqu'à discréditer l'entourage présidentiel par des accusations de corruption, procédera à "un sabotage en douceur de la politique du Kremlin via les médias", encouragera l'élargissement de l'OTAN à l'Ukraine et à la Géorgie, n'hésitera pas, enfin, à soutenir "les processus de désintégration dans la Fédération russe", tant au nord du Caucase qu'en Carélie ou dans la région de la Volga. "A l'avenir, le séparatisme économique et géopolitique sera encouragé en Iakoutie et en Extrême-Orient", dit le rapport.
En revanche, le texte passe sous silence la politique russe d'encouragement au séparatisme abkhaze et ossète, ces micro-Etats autoproclamés qui minent l'unité de la Géorgie.
Ces mesures n'ont pas suffi à apaiser la colère du "voisin du Nord". Lundi, la Russie a annoncé la suspension de ses liaisons - aérienne, ferroviaire, maritime - vers la Géorgie. Les ports russes du littoral de la mer Noire sont interdits aux navires géorgiens. Enfin, la poste russe a annoncé l'interruption de l'acheminement postal (courrier et virements) vers la petite République (4,6 millions d'habitants).
ESPRITS ÉCHAUFFÉS À MOSCOU
La Douma, où des appels à la "déportation" des Géorgiens de Russie ont retenti lundi, veut interdire tous les virements bancaires. Cette disposition pourrait pénaliser les Géorgiens installés dans la Fédération (plus d'un million) et qui font régulièrement parvenir de l'argent à leurs familles, un apport financier estimé à 5 % du PIB.
Ce n'est pas la première fois que la Géorgie renvoie des militaires russes soupçonnés d'espionnage ou de participation à des opérations de déstabilisation, comme vient de le rappeler l'ancien président géorgien Edouard Chevardnadze (1992-2003). Mais à l'époque, ces affaires s'étaient réglées en coulisse. En 1998, les instigateurs de l'attentat perpétré contre le chef de l'Etat géorgien - qui en sortit indemne - avaient été tranquillement exfiltrés de Géorgie par la base militaire russe de Vaziani (depuis démantelée), ce qui avait fortement irrité Tbilissi.
Cette fois, l'affaire des espions a échauffé les esprits à Moscou. "Seriez-vous prêt à partir en guerre contre la Géorgie ?", demandait à ses auditeurs la radio Echo de Moscou samedi matin. "La Géorgie n'est pas un Etat légitime", concluait de son côté Gleb Pavlovski, l'analyste favori du Kremlin.
Ulcéré par l'attitude de Tbilissi, le président Vladimir Poutine l'a accusé de "terrorisme d'Etat avec prise d'otages". Fidèle à sa rhétorique antiaméricaine, le numéro un a fustigé les "sponsors étrangers" de la Géorgie, une allusion au soutien de Washington au président pro-occidental Mikhaïl Saakachvili et à celui de l'OTAN, qui a récemment annoncé l'amorce d'un "dialogue renforcé" avec la petite République méridionale.
La détestation de cet "Occident en casque colonial", selon l'expression employée par M. Poutine au moment de la "révolution orange" ukrainienne en 2004, forme désormais le socle du discours politique russe.
La semaine dernière, dans un rapport de 35 pages distribué à la Douma (la Chambre basse) et au Conseil de la Fédération (le Sénat russe), deux "experts indépendants" - Valentin Faline, un ancien secrétaire du comité central du Parti communiste de l'URSS, et Guennadi Estafiev un ex-espion - ont révélé les mauvaises intentions des Etats-Unis, prêts, selon eux, à fomenter une nouvelle "révolution orange" en vue d'un renversement au Kremlin.
Pour ce faire, l'administration américaine ira jusqu'à discréditer l'entourage présidentiel par des accusations de corruption, procédera à "un sabotage en douceur de la politique du Kremlin via les médias", encouragera l'élargissement de l'OTAN à l'Ukraine et à la Géorgie, n'hésitera pas, enfin, à soutenir "les processus de désintégration dans la Fédération russe", tant au nord du Caucase qu'en Carélie ou dans la région de la Volga. "A l'avenir, le séparatisme économique et géopolitique sera encouragé en Iakoutie et en Extrême-Orient", dit le rapport.
En revanche, le texte passe sous silence la politique russe d'encouragement au séparatisme abkhaze et ossète, ces micro-Etats autoproclamés qui minent l'unité de la Géorgie.