La gauche à la peine pour riposter à Sarkozy
LA PHOTO de famille(s), où posaient tout sourire, ce week-end à la Fête de L'Humanité, le premier secrétaire du PS, François Hollande, la secrétaire nationale du PCF, Marie-George Buffet, celle des Verts, Cécile Duflot, ainsi que le porte-parole de la LCR Olivier Besancenot, n'aura pas mis longtemps avant de devenir un cliché couleur sépia.
Les quatre responsables avaient promis samedi de se retrouver hier soir place du Colonel-Fabien, pour réactiver un « comité de riposte » à la droite et à la politique de Nicolas Sarkozy. Mais Hollande et Duflot ont préféré envoyer des « lieutenants » à leur place. Seul Olivier Besancenot s'est ravisé au dernier moment. Et a décidé de se rendre à la réunion. Marie-George Buffet, puissance invitante, a accueilli les participants. Pour le PS, le député européen Benoît Hamon ; pour les Verts - mais « à titre de simples observateurs » - Patrick Farbiaz et Michel Bock, deux des treize membres du collège exécutif du parti écologiste ; ainsi qu'une demi-douzaine de représentants de la nébuleuse antilibérale et altermondialiste...
Le 8 février 2006, déjà, après des négociations d'appareils sans fin, un « sommet de la gauche » s'était réuni en grande pompe à la Mutualité, à Paris, pour mettre en place un « collectif de riposte » contre la droite. Mais celui-ci avait fait long feu : les logiques de partis et les péripéties de la campagne présidentielle avaient pris le dessus sur l'unité affichée.
Hier, à défaut de se mettre d'accord sur un projet commun pour la gauche, les participants de ce premier « comité de riposte » ont appelé à se revoir prochainement « dans la rue » pour répondre « aux attaques de la droite contre les travailleurs ».
Manifestation en octobre
Pour le Parti communiste, le porte-parole Olivier Dartigolles propose ainsi un grand rassemblement en octobre à Paris et des initiatives en province pour dénoncer « la politique sociale de Sarkozy ».
Les Verts se disent pour leur part « très réservés » sur l'intérêt de ce « comité de riposte ». « Arrêtons de jouer à»plus rassembleur que moi tu meurs* ! On ne veut pas une photo pour dire que Sarkozy est méchant, on ne veut pas d'une simple riposte sans construire », confie au Figaro Cécile Duflot, qui déplore aussi la méthode employée par le PCF : « Avoir annoncé samedi matin la tenue de cette réunion avant même que nous (les chefs de partis, NDLR), ayons donné notre accord » !
Au PS, certains ironisent sur la réunion d'hier : « Marie-George a obtenu le»comité de riposte* pour faire passer la pilule de sa participation au comité de liaison de la gauche que propose François Hollande. »
Samedi, le numéro un socialiste avait réitéré sa proposition d'un « comité de liaison » qui pourrait se réunir d'ici à la fin du mois. Mais il en exclut les petites formations et la LCR. Le PS privilégie l'alliance avec la gauche de gouvernement, celle avec laquelle il gère communes, départements et régions et avec laquelle il veut « construire ensemble demain ».
Ce « comité de liaison » vise à « trouver les bases de convergences d'une gauche forte pour rassembler autour d'un projet avec ceux qui voudront porter ce projet », a expliqué Bruno Le Roux, secrétaire national du PS. « Pour la riposte, la LCR est toujours là, mais pour la construction, elle n'est plus là », a fait valoir Hollande, à la Fête de L'Huma. Proche de Lionel Jospin, Daniel Vaillant se méfie du « comité de riposte ». « La gauche doit se retrouver, mais pas avec des gens qui récusent le PS », dit-il. « Ça ne me dérange pas de défiler avec la LCR comme je l'ai fait contre le CPE, mais ça ne suffit pas. »
À l'heure de « l'ouverture », le PS ne veut pas être entraîné dans une forme de « dérive gauchiste » qui pourrait lui coûter cher aux municipales.