;L’énigme de l’homme découpé s’épaissit en Haute-Savoie
UNE MYSTÉRIEUSE demande de rançon, deux morceaux humains repêchés dans un cours d'eau savoyard, une voiture partiellement calcinée, une flaque de sang et une victime au profil lisse... la police judiciaire d'Annecy exploite un faisceau d'indices macabres afin de percer l'énigme criminelle entourant la mort de Freddy Liot. Le drame démarre le 5 septembre dernier, lorsque cet homme de 25 ans ne donne plus signe de vie. Carreleur d'origine normande, il a débarqué l'été dernier à Annemasse (Haute-Savoie) afin de trouver du travail dans la région. Décrochant en juillet un poste d'intérimaire à Genève, il est employé sur divers chantiers transfrontaliers. Au départ, sa disparition ne semble guère éveiller l'attention. Freddy vivait seul et n'avait guère eu le temps de se faire de nouveaux amis.Le 7 septembre, un correspondant anonyme téléphone à ses parents, installés dans un modeste pavillon d'un lotissement de la banlieue d'Avranches, dans la Manche. Le mystérieux interlocuteur aurait exigé une rançon de 75 000 euros. De premières expertises établissent que l'appel a été passé depuis la Haute-Savoie. Le dossier est d'abord confié au commissariat d'Annemasse. Mais les premières recherches demeurent vaines. Dès le 10 septembre, le parquet de Thonon-les-Bains saisit l'antenne de la police judiciaire d'Annecy pour enlèvement et séquestration.
Dimanche dernier, le tronc, démembré et sans tête, de Freddy est découvert flottant dans la rivière de l'Arve, non loin de l'île aux Castors à Gaillard (Haute-Savoie). Le débris de cadavre est identifié grâce aux vêtements ainsi qu'à des analyses ADN.
En amont des berges, sa voiture est découverte, en partie carbonisée, par des promeneurs. Une bouteille d'alcool à brûler a été abandonnée dans le véhicule. Par ailleurs, d'abondantes traces de sang appartenant à la victime ont été prélevées à proximité.
Machine électrique
Mardi dernier, le macabre puzzle s'est poursuivi avec la découverte d'un bras échoué sur la rive de l'Arve, à environ 800 mètres de la frontière. Les causes de la mort du jeune homme ne sont pas connues. Son thorax ne porte pas de traces de coups ou de balle. Selon les enquêteurs, les deux parties du corps ont été immédiatement jetées à l'eau où elles ont séjourné une dizaine de jours. Une information judiciaire pour « enlèvement, séquestration et meurtre » a été ouverte.
Les légistes ont établi que les parties « molles » du corps auraient été découpées au couteau. Mais le ou les meurtriers auraient utilisé une machine électrique, comme une scie ou une disqueuse, pour couper les os, dont la coupure est très nette. « Toutes les hypothèses sont possibles : faciliter le transport, gêner l'identification du cadavre, cacher des tortures ou un rite barbare... », a déclaré le vice-procureur Alain Berthomieu. Les enquêteurs se demandent si la demande de rançon ne serait pas un écran de fumée, destiné à faire diversion après la mort du jeune homme, dans le seul but de brouiller les pistes.
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