Des P.-V. pour les non-Flamands
ZAVENTEM Mario, 11 ans, nettoyait, le 9 septembre, la voiture de ses parents à Woluwe-Saint-Étienne, située sur le territoire de Zaventem, quand deux agents de police néerlandophones lui ont signifié, en flamand, que la voiture, garée à moitié sur le trottoir, devait bouger. Le garçon, Italien d'origine, n'a pas compris. Il va à l'école européenne, comprend donc l'anglais, le français et l'italien... mais pas le néerlandais. Quelques secondes plus tard, il arrive en pleurant chez sa mère, qui va voir dehors ce qui se passe, passablement énervée que des agents de quartier se permettent d'effrayer son fils. Mais Mme Grazioso, Italienne elle aussi, et par ailleurs employée comme son mari à la Commission européenne, ne comprend pas plus le flamand que son fils ou que son mari. "Nous n'en avons pas besoin et nous parlons dans notre maison la langue que nous voulons...", expliquent-ils logiquement.
Les deux policiers leur expliquent alors que s'ils ne bougent pas leur voiture dans les cinq minutes, ils ont une amende. Et leur demandent pourquoi, en 11 ans d'existence à Zaventem, ils n'ont jamais appris le néerlandais. "Si je vais en Italie, j'apprends l'italien", lance l'un d'entre eux. "Mais jamais on ne vous demandera d'apprendre le napolitain à Naples" , lui rétorque la dame. S'ensuit un débat linguistique qui n'est pas pour plaire à Mme Grazioso. Mais le mari calme la situation, bouge la voiture et les deux agents finissent par s'en aller, laissant là le couple sous le choc et leur petit garçon en pleurs.
Leur amende est arrivée hier, estimée entre 200 et 2.000 euros. La même est parvenue au voisin, qui lui aussi était mal parqué ce jour-là. Sauf que... la police détaille par écrit l'aventure au voisin, qualifiant Mme Grazioso d'hystérique. "Un comble, s'exclame-t-elle. Nous avons la certitude que ce P.-V. nous punit de notre faible niveau en néerlandais. C'est totalement aberrant. Nous sommes des ressortissants européens ! Et depuis, notre fils n'ose plus aller dehors, de peur de tomber à nouveau sur la police qui l'a traumatisé !"