Bruno Julliard : «Le gouvernement nous a trompé»
La ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, a présenté ce matin en Conseil des ministres ses nouvelles mesures pour le système des bourses étudiantes. A la rentrée 2008, 50.000 étudiants supplémentaire en bénéficieront, portant le nombre de boursiers à 550.000. Plus de bourses au mérite sont prévues, ainsi qu’une revalorisation de l’aide de 4,5% pour les 100.000 étudiants les moins favorisés. Ce n'est pas assez selon Bruno Julliard, président de l’Unef, qui dit s’être fait «tromper» par le gouvernement. Entretien.
Vous vous déclarez «très déçu» par les annonces de Valérie Pécresse. Pourquoi ?D’abord elle n’annonce absolument rien pour cette année. Tout est reporté à 2008. Il y a juste une légère revalorisation des bourses qu’elle avait déjà annoncée il y a trois mois. Or c’est maintenant qu’il faut de nouvelles mesures. Pour la sixième année consécutive, il y a une baisse de pouvoir d’achat des étudiants et ils n’augmentent que de 50 000 le nombre de boursiers alors que nous en voulions 200.000.
Pour vous quelle est l’urgence ?
Comme l’expliquait il y a un an le rapport de Laurent Wauquiez, aujourd’hui porte-parole du gouvernement, il faut augmenter le nombre d’étudiants boursiers, mais de manière beaucoup plus importante, et créer un dixième mois de bourse qui commence dès septembre et non en octobre.
Quelle est la situation sociale des étudiants aujourd’hui ?
Le système d’aide sociale est insuffisant parce qu’il y a de plus en plus d’étudiants qui travaillent, davantage de situation de vraie pauvreté. On estime qu’un étudiant sur deux travaille “en concurrence“ avec ses études. Les annonces de la ministre ne vont rien y changer.
Vous êtes plus offensif qu’au moment de la présentation du projet de loi sur l’autonomie des universités en juin dernier…
On est très mécontent parce qu’on a l’impression de s’être fait tromper sur la question des bourses. Nicolas Sarkozy nous avait dit après son élection «aider nous à faire passer la réforme de l’autonomie et derrière les moyens suivront, les étudiants seront la priorité». Là c’est un peu la douche froide. Je pense que le gouvernement, et Valérie Pécresse notamment, souffre d’un excès de confiance en soi. Ils sont convaincus qu’après avoir pu faire passer une réforme, ils peuvent se permettre tout et n’importe quoi. On est bien déterminé à leur faire comprendre que ce ne sera pas le cas. On ne sera pas les pompiers du gouvernement. S’il ne respecte pas ses promesses sur les différents chantiers, ça se passera mal.